lundi 10 février 2014

Érudignorant


Peu de gens le savent – et encore moins y portent la moindre attention –, mais le recteur de l’Université de Montréal, cette institution qui trône au sommet de la montagne de flamboyance, ce nid de tous les savoirs, cette fontaine de la connaissance, s’appelle M. Guy Breton.

Comme on sait, ce n’est pas un imbécile qui peut devenir recteur d’un établissement aussi prestigieux. Il faut quelqu’un de très instruit, de fort éduqué. Bref un érudit de calibre international qui possède de solides connaissances dans plein de domaines et, surtout, qui ne parle pas pour ne rien dire. De peur, bien entendu, de passer pour un crétin légèrement demeuré.

Eh bien, vendredi passé, l’illustre M. Breton en a proféré une bien bonne au sujet de la loi 60, cette foutue Charte de la laïcité qui oblitère tout dans le paysage politique québécois, à commencer par «les vraies affaires», et je ne parle pas ici de ce qui intéresse les chambres de commerce.

En effet, ce grand penseur, doublé d’un administrateur hors pair quand vient le temps de creuser des déficits, a affirmé que ladite loi 60 avait des relents de franquisme. «Franquisme», pour Francisco Franco, le dictateur espagnol qui a étouffé dans le sang la république en 1939 et qui a «régné» d'une main de fer jusqu’à sa mort en 1975.

Je suppose que M. Breton trouvait que les accusations de nazisme et de fascisme à l’endroit du gouvernement Marois commençaient à faire un peu éculé. Aussi a-t-il peut-être cherché une formule plus évocatrice ayant le mérite d’être originale.

Comme on sait, M. Breton n’est pas un imbécile; mais c’est peut-être un manipulateur. Car il a laissé de côté le fait que le franquisme s’est appuyé sur un clergé tout-puissant afin d’asseoir son pouvoir et de lutter contre la gauche qui, elle, était laïque. S’il y a bien une chose à laquelle le franquisme était opposé, c’est la laïcité.

À mélanger ainsi les torchons et les serviettes, M. Breton explique – sans s’en rendre compte – pourquoi les universités québécoises vont si mal, de nos jours.

Et ce n’est pas la faute des carrés rouges…

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