vendredi 25 juillet 2014

Minutie et secondes


Frank Iacobucci – le nom ne vous dit strictement rien et c’est normal –, un ancien juge de la cour suprême du CAnada, a déposé son rapport concernant l’affaire Sammy Yatim. Les autorités compétentes vont maintenant s’empresser de prendre connaissance des 84 recommandations présentées par le document et de tabletter le tout jusqu’à la prochaine fois.

En soi, le rapport est donc assez peu important. Ce qui l’est infiniment davantage c’est l’affaire Yatim elle-même. Il y a environ un an, cet homme – il avait alors 18 ans – est abattu par la police torontoise dans un tramway où il avait affiché un comportement agressif et instable.

Vous me direz, ce n’est pas la première fois que des représentants des forces de l’ordre tirent d’abord et posent des questions après. Mais, en cette occasion, c’était tout de même «un peu plusse pire» que les autres.

Lorsque les policiers arrivent sur les lieux, c’est-à-dire une fois qu’ils montent à bord du tramway, ce fatidique 27 juillet 2013, ils trouvent Sammy Yatim qui les menace d’un couteau. Aussitôt, l’un des agents lui intime de jeter son arme et de rester où il est. Le jeune homme, selon le témoignage des policiers, n’obtempère ni au premier commandement ni au second.

En conséquence, un premier policier tire trois coups de feu dans sa direction, dont au moins deux le touchent. Cinq secondes passent – le jeune Yatim est-il encore debout? on n’en sait rien et on en doute – et le même policier fait feu six autres fois dans sa direction. En tout, Sammy Yatim aura été atteint par huit projectiles. D’ailleurs, faites une simulation chez vous: «tirez» trois fois et comptez ces fameuses cinq secondes. Vous verrez que c’est une assez longue attente, dans les circonstances.

Mais ce n’est pas tout. Une fois que le suspect gît par terre et que, on peut l’imaginer facilement, il baigne dans son sang, que se passe-t-il? On fait venir les ambulanciers? La morgue? Pas encore. On attend 30 autres secondes avant de lui administrer une décharge de taser!

Il n’y a pas à dire, les flics torontois sont extrêmement minutieux.

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