vendredi 10 octobre 2014

La guerre, c’est la paix



• • • 

Si le barbare d’aujourd’hui peut être le civilisé d’hier, et vice versa, les promoteurs de la guerre savent bien rapidement modifier leur diagnostic. Ainsi, en Occident dans les années 1980, nous pensions que les miliciens islamistes en Afghanistan étaient des amis de la civilisation lorsqu’ils combattaient le régime marxiste à Kaboul appuyé par l’armée soviétique. Nous ne savions pas que ce régime marxiste avait promulgué des lois émancipant les femmes et rendant l’école obligatoire pour les filles, ce qui avait provoqué l’insurrection. À l’époque de la guerre froide, les Soviétiques étaient les barbares, les miliciens islamistes nos alliés et nos amis. Les États-Unis et l’Arabie saoudite les finançaient et les armaient, avec comme entremetteur un certain Oussama ben Laden. [...]

Aujourd’hui, personne ne s’émeut de trouver l’Arabie saoudite dans la coalition qui mène la guerre au groupe État islamique. Pourtant, au moment où le premier otage occidental était décapité, les autorités saoudiennes décapitaient quatre condamnés à mort. Leur crime ? Possession de haschisch… Oui, oui, du simple haschisch. La peine de mort y est aussi possible pour vol ou apostasie et environ 80 personnes ont été décapitées l’année dernière par nos amis et alliés saoudiens [...].

Du bon usage de la barbarie et de la folie
Francis Dupuis-Déri, Le Devoir, 10 octobre 2014

Aucun commentaire: