mardi 9 juin 2015

Mystère démocratique




Pas plus tard qu’hier, le Québec – et en particulier la région de Québec – était plongé dans les affres du processus démocratique. Vous savez cet exercice que ne nous envient que les gens qui n’y ont pas accès. Quant aux autres, la simple évocation de devoir – dans tous les sens du mot – se rendre à l’isoloir constitue une corvée des plus horripilantes, comme l’indique particulièrement leur réaction devant l’éventualité d’un référendum ou de toute autre forme de plébiscite.
Les malheureux électeurs d’hier ont d’ailleurs été confrontés à un choix d’autant plus cornélien qu’il n’en était pas un. C’est-à-dire que, dans le cadre du «pseudo-mystère de Québec», les gens étaient présentés devant deux bras droits. Pas «adroits», mais bien «droits», comme dans «candidats de la droite». En apparence, le fait que les principaux candidats prônaient tous des politiques de droite semblait faciliter la décision pour le public. En réalité, cela compliquait le choix. Quand les favoris tiennent le même discours économique et social, comme un écho qui se répond, de quel côté pencher?
Un exemple. Dans la circonscription de Chauveau, on assistait à l’affrontement entre Véronyque Tremblay, une ex-journaliste, pour le PLiQ, et Jocelyne Cazin, une ex-journaliste, pour la CAQ. La présence de tant de «Y» sur un bulletin de vote ne faisait rien pour faciliter la distinction de l’une par rapport à l’autre. Eh bien, c’est le PLiQ qui l’a emporté, avec les honneurs faut-il le préciser. Apparemment, dans la région de Québec, les gens ne sont pas touchés par les inconvénients qu’implique la politique d’austérité du gouvernement de M. Philippe Couillard (le nom est marrant). Vivent-ils sur une autre planète? Sont-ils inconscients ou volontairement mal informés? Peut-être qu’ils sont sourds et aveugles – pardon: mal-entendants et mal-voyants.
Qu’importe, cela fait partie du «mystère de Québec». À la vérité, il n’y a pas de quoi s’interroger quand on replace ledit «mystère» dans son contexte historique. Il n’y a qu’à songer avec quel empressement les autorités civiles et religieuses de la ville se sont jetées dans les bras du conquérant au lendemain de la bataille des plaines d’Abraham. Sous la domination étrangère, Québec devint de facto une ville de garnison, puis une ville marchande faisant prospérer surtout des britanniques grâce au commerce du bois d’œuvre. Par la suite, elle devint une ville de fonctionnaires, une catégorie professionnelle rarement reconnue pour son parti-pris progressiste.
Mais, allez-vous me dire, il n’y a pas que des militaires obtus, des bourgeois avides et des fonctionnaires réactionnaires à Québec et vous aurez parfaitement raison. Il n’y a qu’à voir les cotes d’écoute des radios poubelles pour le constater.

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