samedi 6 février 2016

Charité bien coordonnée



L'Église catholique demeure probablement l'organisation dont les ramifications hiérarchiques sont les plus développées. On trouve du catho à peu près partout, sur tous les continents et dans tous les pays; en proportions variables, il est vrai. Et qui dit hiérarchie, dit également constance du discours.

En ce moment, face à la crise des réfugiés dans laquelle l'Europe se trouve empêtrée, les réactions vont bon train. Par exemple, en Belgique, le gouverneur de Flandre occidentale appelait dernièrement à «ne pas nourrir les réfugiés», sous le prétexte qu'autrement d'autres migrants viendraient à leur tour.

Mais le foyer de la crise migratoire se trouve en Allemagne, le pays dont l'économie est la plus dynamique et donc la plus attirante pour ceux qui cherchent à refaire leur vie fracassée par la guerre et le terrorisme, entre autres. Là, les réactions sont plus extrêmes encore. À preuve, la déclaration de Frauke Petry, la présidente de Alternative für Deutschland (AfD), un parti allemand d'extrême droite, qui a jugé dernièrement que son pays devait pouvoir recourir aux armes pour protéger les frontières contre l'afflux de migrants.

Le pape, Frenchie One, de par les exigences de son boulot, a été plus conciliant. Il avait affirmé, en septembre dernier, qu'il fallait traiter le problème à sa source. Il s'en était suivi sa coutumière liste de vœux pieux – sans jeu de mots – où il suggérait de changer la donne socioéconomique et de cesser les conflits armés. Évidemment, sans jamais dire comment, et encore moins se retrousser les manches pour le faire, question de les garder immaculées. Il avait tout de même glissé dans son discours que les mouvements migratoires posaient un risque quant à la sécurité.

Eh bien, son employé, le président des la Conférence épiscopale allemande, le cardinal Reinhard Marx, a repris ce discours là où le pape l'a laissé et a signifié récemment que l'Allemagne ne pouvait pas «accueillir tous les nécessiteux du monde». Pour se donner bonne conscience, il a souligné qu'il s'inquiétait de ce que, si elle n'était pas contrôlée, l'immigration massive allait engendrer une montée de la xénophobie dans son pays qui a connu dans le passé une tendance vers l'extrémisme de droite (quel euphémisme!). C'est vrai et, à cette époque «d'extrémisme de droite», faut-il le rappeler, l'Église catholique marchait main dans la main avec le pouvoir.

Le cardinal Marx – ça fait tout de même drôle d'adjoindre ces deux mots... – a insisté sur le fait que la situation ne devait pas être considérée uniquement en fonction «de la charité, mais également de la raison». «Charité», le grand mot était lâché. En d'autres termes, selon le cardinal, combien cela allait-il coûter?

Qu'est-ce que ça peut lui foutre à lui? Jamais personne n'a vu l'Église catholique lâcher le moindre centime, elle qui ne paie déjà ni taxes ni impôts. Alors ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer, et encore moins en Allemagne!

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