vendredi 25 mars 2016

Vertes et Palmyre


On peut certes imaginer sans peine qu'une ville fondée vers le XVIIIe siècle avant notre ère en aura vu des vertes et des pas mûres au cours de sa longue histoire. C'est bien entendu le cas de Tedmor, en Syrie. Cependant, comme cela arrive souvent, sa renommée a dû attendre quelque temps et, surtout, elle ne devint manifeste qu'avec son nouveau nom, lequel, en grec, se prononçait «Palmûra», pour devenir finalement Palmyre. C'est au Ier siècle de notre ère que la ville commence son essor, alors qu'elle est intégrée à un important réseau marchand du monde greco-romain.

Inutile de dire que, au fil des siècles, elle a vu passer bien des envahisseurs et qu'elle a changé de mains quantité de fois. Cela n'avait rien de particulièrement surprenant puisque la ville, outre son importance commerciale, était un joyau architectural des plus enviables. Bref, Grecs, Romains, Perses, Arabes et Turcs ottomans s'en sont emparés ou ont tenté de le faire. Notons au passage que ces deux derniers peuples étaient de fervents musulmans et que, à titre d'occupants, ils ont respecté les monuments de la ville, bien qu'ils les aient «adaptés» à leur religion en faisant disparaître toute trace de paganisme. Cependant, quoiqu'il fût de bonne guerre – sans jeu de mots – de transformer les temples et les églises en mosquées, pour l'essentiel, la ville demeura intacte.

Avec les ans, cependant, elle tomba dans une période de déclin au cours de laquelle ses monuments furent progressivement réduits à l'état de ruines. Au XVIIe siècle, des marchands anglais la «découvrent» et leurs descriptions suscitent en Occident un engouement envers Palmyre. Mais ce ne sera qu'au XIXe siècle que de véritables fouilles archéologiques commenceront à être menées sur le site.

Paradoxalement, il aura fallu attendre le XXIe siècle pour que des barbares décident finalement d'éradiquer les vestiges de la surface de la terre. Des individus se proclamant les héritiers directs des premiers califes d'autrefois, ceux-là qui avaient jalousement préservé Palmyre, décidèrent qu'il fallait faire disparaître des monuments évoquant le paganisme.

Ils auraient pu ficher une sculpture en forme de lune dessus, les draper de noir ou autre chose. Mais non, ils décidèrent de les dynamiter. Apparemment, les ruines étaient encore en trop bon état.

Hier, les forces syriennes ont repris le site archéologique, quoique des combats se poursuivent dans et autour de la ville proprement dite. Attendons les photos pour voir l'étendue des dégâts. Et, surtout, songeons à quel point la religion est un moteur de la civilisation.




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