mardi 5 avril 2016

Paradis des restes



Une centaine de quotidiens, disséminés un peu partout en Occident, ont décidé de mener une enquête de longue haleine concernant les paradis fiscaux. En particulier, ils ont dévoilé les pratiques – et surtout les clients – du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, dont le rôle consiste à faciliter le placement d'avoirs étrangers dans des paradis fiscaux. Soit dit en passant, le Panama en est un.

Il a été révélé, au terme de l'enquête, que quantité de personnalités connues, tant du monde politique, sportif ou artistique, sur presque tous les continents*, ont eu recours aux paradis fiscaux afin d'y amasser leur fortune impressionnante. La chose a suscité un choc à l'échelle planétaire.

Voici en gros comment les choses se passent. Imaginons une société et appelons-la d'un nom évidemment totalement fictif, par exemple LouWE Corp. (Lou Skannen World Entreprises Corporation; NYSE: LOWEC). LouWE peut employer une grande quantité d'individus ou une seule personne, cela n'importe pas; mais supposons pour l'exemple que LouWE est une incorporation d'un seul individu.

Imaginons en outre que LouWE fait affaires avec un cabinet d'avocat, également totalement fictif, ayant pignon sur rue à Hamilton, capitale des Bermudes, un paradis fiscal bien connu, que nous nommerons Porter, Balling, Carrier & Associates (PBCA). Ce dernier crée une société, dont l'adresse est celle du cabinet, qui ne possède aucune installation autre qu'un tiroir de classeur chez PBCA.

Le propriétaire et unique employé de LouWE, lorsqu'il facture ses clients, leur demande de payer la société basée à Hamilton. Les montants sont déposés dans une banque cAnadienne et sont immédiatement transférés par cette dernière aux Bermudes, dans une de ses succursales là-bas. Une fois aux Bermudes, l'argent est désormais à l'abri du fisc cAnadien et n'est pas imposé par le fisc bermudien.

Bon, je schématise un peu, mais c'est à peu près comme ça que ça se passe. Mentionnons au passage le fait que ce système n'est pas offert aux petits épargnants qui auraient tant besoin qu'une partie de cet argent serve à la réfection de leurs infrastructures croulantes et au financement de leurs services de santé étiques.

Le scandale provoqué par ces révélations tient un peu de l'hypocrisie puisque, en 2008 déjà – faites le calcul, c'était il y a 8 ans –, nombre de commentateurs avaient imputé la crise qui avait secoué le capitalisme mondial au manque de réglementation et d'encadrement des marchés financiers avec, au premier chef, l'incroyable laxisme avec lequel les États laissent proliférer les paradis fiscaux. Même mon pote Niko s'était fait aller le clapet sur le sujet, réclamant un resserrement des contrôles.

Je vous parie que, dans 8 autres années, on discutaillera encore sur la question et que rien n'aura changé entre-temps.

Je prends les paris à du 10 contre 1.

Ah, tandis que j'y pense, soyez assez gentils pour faire vos chèques à l'ordre de LouWE Corp., Care of PBCA, Drawer 16.

Cela évite tellement de manutentions inutiles.


*Notons tout de même qu'il ne se trouve pas une seule personnalité yankee parmi les bénéficiaires dénoncés. Qu'en penser d'autre que de se dire que les millionnaires et milliardaires Stazuniens sont tous, sans exception, d'une moralité irréprochable?

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