mardi 25 octobre 2016

Protectionnisme 2.0



Nous savons tous à quel point le protectionnisme est décrié par les milieux d'affaires. Il s'agit, aux yeux des économistes, d'un concept suranné et contraire aux tellement bénéfiques lois du marché qui nous ont tous enrichis, du premier jusqu'au dernier – c'est bien connu.

En effet, la notion de libre-marché sous-entend qu'aucune barrière tarifaire ne devrait entraver la circulation des biens, des services et des capitaux. C'est ce qui se trouve à la base du raisonnement des différents traités dits de libre-échange qui ont été signés au fil des ans, et que le grand capital tente de multiplier à l'échelle planétaire. Il est vrai que les derniers avatars que l'on essaie de nous enfoncer au fond de la gorge concernent davantage les recours que pourront exercer les sociétés multinationales aux dépens des gouvernements, dont plusieurs sont démocratiquement élus; mais passons.

Donc, le dogme actuel consiste à éliminer tout obstacle ou réglementation pouvant nuire à la parfaite liberté des échanges commerciaux. Cependant, on remarque que cette belle pureté capitaliste sauvage est quelque peu écornée partout où cela est possible. Faisons l'impasse sur les décisions arbitraires prises dans certains dossiers par les Stazunis qui se réservent le droit de nuire à certaines importations afin de favoriser leurs propres producteurs. C'est un cas d'espèce et personne, à l'échelle planétaire, n'ose en faire autant.

Par contre, ce que même les plus petits joueurs tentent est de déséquilibrer le principe du libre-échange. En effet, une barrière douanière – le protectionnisme, donc – consiste à imposer des frais à l'importation pour un produit. Cette hausse du prix à l'importation devient de fait, une forme d'aide pour les producteurs locaux. Une aide à caractère négatif, en ce sens que leurs biens arrivent sur le marché intérieur à un prix moindre par rapport aux biens importés.

D'autre part, ce qui est parfaitement correct, c'est de subventionner les exportateurs, avec l'argent public bien évidemment, afin que leurs produits puissent arriver sur le marché extérieur à un prix égal ou moindre que celui des produits locaux. Ce qui est, en fait, une forme de protectionnisme positif venant fausser la libre concurrence et entrant en conflit avec les principes du sacro-saint marché mondialisé.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez votre dirigeant national ou local vouer aux gémonies toute forme de protectionnisme, tandis qu'il subventionne l'exportation à tour de bras, vous saurez que vous avez affaire à un fallacieux fumiste.

Mais ça, si vous êtes un habitué de ce blogue, vous le saviez déjà.

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