samedi 24 septembre 2016

Va de bon cœur, Suzanne



Le 8 décembre 2015, un incident a retenu l'attention au Palais de justice de Morial. Alors qu'elle voulait quitter les lieux, la juge Suzanne Vadboncœur s'est impatientée lorsque la porte du garage est restée coincée. Légèrement contrariée, elle s'en est pris à l'agent de sécurité – qu'il faut appeler un «constable spécial» (sic) – qui ne parvenait pas à dégager la sortie.

Selon elle, elle aurait traité le préposé armé «d'épais et d'imbécile» mais, contrairement à ce qui avait été rapporté, certainement pas de «gros criss de con». Elle a nié être allée aussi loin. Nombre de témoins avaient observé la scène, dont certains de ses collègues, lesquels ont affirmé avoir vu son honneur Vadboncœur «gesticuler et lancer des insultes», mais personne ne semble avoir retenu la teneur de ces dernières. Effectivement, quoi de plus banal que de voir une juge perdre contenance et injurier un subalterne? Ce sont des choses qui, apparemment, ne se remarquent plus; pas dans leurs détails, en tout cas.

Toujours est-il que madame la juge a souligné le fait qu'elle n'était pas du tout sous l'influence de l'alcool, ce qui eût aggravé considérablement les circonstances de son inconduite, puisqu'elle était au volant.

Bien que cela n'ait aucun rapport avec ce qui précède, le 8 décembre était le party de Noël des juges. Décidément la justice est une intarissable source d'information. Qui était au courant que les juges savaient se payer du bon temps? Avec la tronche qu'ils tirent le reste de l'année, on était en droit – sans jeu de mots – d'en douter.

Bref, la fête avait commencé par un cocktail au Palais de justice. Ensuite, les magistrats se sont déplacés vers un restaurant huppé du Vieux-Montréal où, peut-on penser, on leur a servi un vin d'honneur. Puis, une fois au bar de l'établissement, ils ont pu prendre l'apéritif avant de passer à la salle à manger. Là, ils auront vraisemblablement porté un toast au champagne afin de souligner l'événement. Évidemment, ils ont commandé plusieurs vins, et pas de la piquette, au cours du repas. Il a peut-être fallu intercaler quelques trous normands entre les plats, parce que le menu était plutôt copieux et vous savez que les juges détestent jeter de la nourriture. Après le dessert, on leur a servi un café, arrosé qui sait, particulièrement réussi et, enfin, pour couronner le tout, le plus difficile, j'imagine, aura été de choisir entre les cognacs et armagnacs proposés.

Bref, à vot'bon cœur m'sieurs, dames!

vendredi 23 septembre 2016

Labos rieux



Costas Labos est le chef du service des Affaires internes de la police de Morial. Alors qu'il cherchait à mener une perquisition chez un confrère, que l'on soupçonnait de renseigner un journalist – délit ignoble s'il en est –, on avait soupçonné indument M. Labos d'avoir menti à un juge, ce qui aurait été, si la chose s'était avérée vraie, considéré comme un crime. On comprend en effet que les juges, c'est pas toujours très, très futé, alors comme c'est trop facile de leur mentir, il faut dans un tel cas sévir avec sévérité.

Bref, après une enquête d'une transparence telle, menée par le service de police, qu'il a fallu procéder discrètement afin de respecter les formes, on a découvert qu'il n'y avait pas lieu de porter des accusations criminelles contre M. Labos.

Personnellement, je l'ai toujours su.

mercredi 21 septembre 2016

Cela va? Bratislava!



En juillet dernier, on a tenu un sommet européen dans la ville de Bratislava, en Slovaquie. On aurait pu croire que, trois mois après l'expression d'une volonté de sortie de l'Union européenne (UE) par le peuple britannique, certaines remises en question auraient pu être abordées à l'occasion de cette rencontre entre nations; le Royaume-Uni en moins, bien entendu.

Pas du tout! On a vraiment eu l'impression lors des discussions que rien n'avait changé dans le paysage politico-économique. Essentiellement, les négociateurs se sont entendus pour continuer sur la même lancée que celle qui avait jusqu'ici été définie par le traité de Maastricht. La même lancée qui a mené au Brexit.

Apparemment, la solution retenue aura été d'insister sur ce qui a mené à l'impasse actuelle. Ce genre de stratégie rappelle immanquablement celle des armées lors de la Première Guerre mondiale, alors que les vagues d'assaut humaines se brisaient immanquablement sur les réseaux de barbelés et étaient fauchées par les mitrailleuses. La solution, alors? Envoyer plus de soldats…

À ce propos, vous ne devinerez jamais quel projet a refait surface lors de la conférence de Bratislava. Celui d'une armée commune autour d'un solide noyau franco-allemand. Comme c'est piquant! Un siècle après la bataille de Verdun, qui a duré plus de 10 mois, au cours de laquelle Français et Allemands s'étaient entretués avec un débordant enthousiasme, voici qu'ils vont constituer une armée commune.

Désormais alliés, ils vont maintenant affronter un nouvel ennemi, le terrorisme, l'épouvantail protéiforme qui donne de parfaites excuses pour combattre avec toujours plus d'âpreté l'immigration et qui incite à bombarder davantage les régions que fuient les réfugiés.

Bref, l'UE constate qu'elle fonce dans le mur et a trouvé comme solution géniale d'appuyer plus fortement sur l'accélérateur.

On se demande si, à ce rythme, elle durera aussi longtemps que la bataille de Verdun.

mardi 20 septembre 2016

Les connes honnies



Avez-vous déjà remarqué comment les choses se passent? Quel que soit le problème qui touche le bien-être physique, voire l'existence même, des êtres humains, l'éducation, la liberté, la santé ou quelque autre aspect des sociétés, il reste le plus souvent ignoré.

Pas tant qu'il est ignoré, mais ses conséquences n'apparaissent pas suffisamment importantes pour qu'on y porte une attention soutenue, et encore moins afin de consacrer des énergies et des ressources afin de le résoudre.

Mais si on parvient à lui attribuer un coût en argent, alors tout change. Cela n'est plus un problème humain, moral, environnemental ou politique; cela devient un problème économique. Alors – et alors seulement – les oreilles se dressent et on prête attention à ce qui jusqu'alors ne constituait qu'un autre parmi tant de bruits de fond que produisent les intervenants de leurs domaines respectifs.

Désormais, devant ce qui n'est plus de l'indifférence, mais bien de la mauvaise volonté, des voix, pas toujours intelligentes ni méritantes, s'ingèrent dans le débat. Le plus souvent conservatrices, elles utilisent leurs avalanches de chiffres afin de noyer le poisson et de freiner toute velléité de correction, c'est-à-dire de progrès.

En définitive, l'économie est une bonne excuse pour monter en épingle une situation délétère et en même temps pour la laisser pourrir ad nauseam.