samedi 29 octobre 2016

Du FLQ au FNQ

Boucher en compagnie de bouchée; nous restons bouche bée.


Au cours des années 1960, un mouvement a vu le jour au Québec. Il s'agissait du Front de libération du Québec,le FLQ, qui prônait la lutte armée pour réaliser l'indépendance et pour faire avancer ses idées progressistes, résolument à gauche. Farouchement anti-capitaliste et anti-impérialiste, comme la plupart des mouvements issus de la décolonisation, que ce soit en Asie, en Afrique ou en Amérique, il visait à renverser le gouvernement inféodé à Ottawa par le moyen de l'action directe. Après les événements d'octobre 1970, il a fini par disparaître.

Voici qu'on apprend qu'un ex-militant de l'Alliance cAnadienne – autrefois dirigée par ce cher et typiquement coast-to-coast Stockwell Day –, si opportunément nommé Daniel Boucher, veut fonder l'équivalent québécois du Front national, le FNQ. À l'heure actuelle, son programme consiste à faire l'indépendance du Québec, à mettre un terme à toute forme d'accommodements raisonnables ou de discrimination positive, à détruire les mosquées et à interdire l'islam. A-t-il un programme social? Apparemment non, bien qu'il envisage la nationalisation des banques et des ressources naturelles.

Pourtant, ce cher homme, se défend de vouloir lancer un parti raciste, un point sur lequel il cache bien son jeu, et il s'oppose à toute forme de violence, préférant la voie politique afin d'atteindre ses objectifs.

Le FNQ de Daniel Boucher envisagera ainsi de diviser la société entre «bons citoyens» et «musulmans». Ce que la création de son parti fera dans un premier temps, ce serait surtout de diviser le peu qui reste du vote indépendantiste. C'est un début…

Bonne chance, mon Dan!

jeudi 27 octobre 2016

À suivre…

http://www.investigaction.net/24974/


Avec tout ce qui se déroule au Proche et Moyen-Orient, on a tendance, ces temps-ci, à négliger ce qui se passe entre Israël et les Palestiniens. Grave erreur, car cela laisse le champ libre au gouvernement de Jérusalem, avec les résultats que l'on constate.

Ainsi, il n'apparaît nulle part dans les médias occidentaux que le blocus de la bande Gaza a été renforcé, depuis un an. Déjà que le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon, considérait toute forme de blocus dans cette région comme une «politique illégale de punition collective» dont il encourageait l'abolition.

Comme d'habitude, Israël n'eut que faire des conseils ou décisions de l'ONU et, plutôt que de desserrer l'étau, il a donné un énième tour de vis. Moins de marchandises sont autorisées à entrer dans la bande de Gaza, y compris bien sûr des matériaux de construction afin de rebâtir les habitations détruites lors de l'offensive de 2014. En outre, moins de laissez-passer sont alloués afin de permettre le mouvement des personnes. Ainsi, entre autres, de moins en moins de malades sont autorisés à aller se faire soigner dans les hôpitaux israéliens.

La raison de ce durcissement est toute simple. Le gouvernement de Jérusalem considère que la bande de Gaza n'obéit pas suffisamment à ses ordres et envisage donc d'y retourner afin d'y pratiquer le carnage habituel par mesure de représailles. Évidemment, afin de ménager son image, il s'agit pour lui de laisser le Hamas et les Palestiniens tirer la première salve afin de se donner, encore une fois, le prétexte «d'attaquer pour se défendre» tant rabâché, ces dernières années.

Alors, évidemment, si on veut donner le change, il est essentiel de taire dans les médias bien de chez nous, et d'ailleurs, les exactions des uns jusqu'à ce qu'on puisse monter en épingle la riposte des autres.

Voilà 70 ans que ça marche. Pourquoi cela devrait-il échouer aujourd'hui?




mercredi 26 octobre 2016

Le pipeline à fiston

Le fils de Pierre Elliott Trudeau, qui porte si bien le point Play.


Mardi matin – c'est-y pas écœurant! –, des jeunes, et travailleurs de surcroît, ont eu l'inqualifiable culot de tourner le dos au premier ministre du CAnada, nul autre que le fils de Pierre Elliott Trudeau. Cette incroyable irrévérence s'est tenue lors d'une entrevue organisée par le Congrès du Travail du CAnada. L'indigne attitude, frisant un injustifiable mépris, était motivée, paraît-il, par une protestation à l'encontre, entre autres dossiers, du fameux pipeline.

Non, non, pas celui d'Energy East contre lequel se bat le Québec en faisant face, au mieux, à l'indifférence générale du CAnada, mais celui de Kinder Morgan qui doit acheminer le pétrole sale de l'Alberta vers la Colombie-Britannique. Ce pipeline-là est odieux pour nombre de jeunes CAnadiens, lesquels, en ce fatidique mardi, ont reproché au premier ministre d'avoir renié ses promesses électorales relativement à l'environnement.

Le fils de Pierre Elliott Trudeau a protesté de sa constance en matière de politique énergétique en affirmant que le recours aux pipelines était moins dangereux que le rail pour l'environnement. Vraiment? Voyons ce qui en est dans la réalité.

Jeudi passé, à 3:00 du matin, un pipeline géré par la société Sunoco s'est rompu en Pennsylvanie (c'est quelque part dans le nord-est des Stazunis). La baisse de pression fut rapidement détectée, mais il fallut un certain temps avant de trouver l'emplacement exact de la rupture. C'est alors qu'on a constaté que plus de 220 000 litres d'essence avaient été répandus dans un affluent de la rivière Susquehanna, laquelle fournit en eau potable 6 millions de personnes.

On ne saurait oublier le terrible événement qui a dévasté Lac-Mégantic lorsque, en 2013, un convoi ferroviaire emballé a détruit en bonne partie le centre-ville, causant la mort de près de 50 personnes, sans compter les blessés et les centaines qui durent être évacuées sur les 6000 habitants que comptait la municipalité.

Entre 6000 et 6 millions, on se demande si le pipeline est tant tellement mieux, fiston.



Le reste de l'article est ici (en anglais seulement).

mardi 25 octobre 2016

Protectionnisme 2.0



Nous savons tous à quel point le protectionnisme est décrié par les milieux d'affaires. Il s'agit, aux yeux des économistes, d'un concept suranné et contraire aux tellement bénéfiques lois du marché qui nous ont tous enrichis, du premier jusqu'au dernier – c'est bien connu.

En effet, la notion de libre-marché sous-entend qu'aucune barrière tarifaire ne devrait entraver la circulation des biens, des services et des capitaux. C'est ce qui se trouve à la base du raisonnement des différents traités dits de libre-échange qui ont été signés au fil des ans, et que le grand capital tente de multiplier à l'échelle planétaire. Il est vrai que les derniers avatars que l'on essaie de nous enfoncer au fond de la gorge concernent davantage les recours que pourront exercer les sociétés multinationales aux dépens des gouvernements, dont plusieurs sont démocratiquement élus; mais passons.

Donc, le dogme actuel consiste à éliminer tout obstacle ou réglementation pouvant nuire à la parfaite liberté des échanges commerciaux. Cependant, on remarque que cette belle pureté capitaliste sauvage est quelque peu écornée partout où cela est possible. Faisons l'impasse sur les décisions arbitraires prises dans certains dossiers par les Stazunis qui se réservent le droit de nuire à certaines importations afin de favoriser leurs propres producteurs. C'est un cas d'espèce et personne, à l'échelle planétaire, n'ose en faire autant.

Par contre, ce que même les plus petits joueurs tentent est de déséquilibrer le principe du libre-échange. En effet, une barrière douanière – le protectionnisme, donc – consiste à imposer des frais à l'importation pour un produit. Cette hausse du prix à l'importation devient de fait, une forme d'aide pour les producteurs locaux. Une aide à caractère négatif, en ce sens que leurs biens arrivent sur le marché intérieur à un prix moindre par rapport aux biens importés.

D'autre part, ce qui est parfaitement correct, c'est de subventionner les exportateurs, avec l'argent public bien évidemment, afin que leurs produits puissent arriver sur le marché extérieur à un prix égal ou moindre que celui des produits locaux. Ce qui est, en fait, une forme de protectionnisme positif venant fausser la libre concurrence et entrant en conflit avec les principes du sacro-saint marché mondialisé.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez votre dirigeant national ou local vouer aux gémonies toute forme de protectionnisme, tandis qu'il subventionne l'exportation à tour de bras, vous saurez que vous avez affaire à un fallacieux fumiste.

Mais ça, si vous êtes un habitué de ce blogue, vous le saviez déjà.

lundi 24 octobre 2016

Le compte de deux cités



Non, il ne s'agit pas d'un roman de Charles Dickens, mais bien d'un événement tout à fait actuel. En ce moment, deux villes accaparent l'attention internationale, c'est-à-dire Alep et Mossoul, respectivement en Syrie et en Irak.

Comme vous savez sans doute, l'armée syrienne, appuyée par les forces russes, mène actuellement une offensive à Alep, dans le but de conquérir la ville et de porter aux forces rebelles dites «modérées» un coup décisif. L'opinion internationale est dans tous ses états et dénonce la situation humanitaire qui y prévaut, n'hésitant pas à accuser les assaillants de crimes de guerre, puisqu'ils bombardent de manière aveugle, allant même jusqu'à toucher – volontairement? – les hôpitaux.

Par contre, à Mossoul, la situation est toute différente. L'avance héroïque de l'armée irakienne, appuyée par des frappes aériennes à la fois ciblées et yankees, font reculer les terroristes de l'État islamique au Levant qui tiennent la population en otage. La libération de la ville permettra de porter secours à tous ces gens et de rétablir un semblant de normalité dans la ville trop longtemps opprimée par les extrémistes.

En d'autres termes, la bataille menace les civils à Alep; en revanche, elle les secourt à Mossoul.

Je suis même persuadé que, lorsqu'on fera le compte des morts, les victimes seront innombrables, dans un cas, et négligeables dans l'autre.

Je vous laisse le soin de deviner lequel.