mercredi 28 juin 2017

Pauvres travailleurs pauvres!



Avec le 1 % de la société dont les rangs vont en diminuant, concentration du capital oblige, et la classe moyenne qui fait, dans le meilleur des cas, du sur-place, il est rassurant de savoir qu'au moins une classe sociale est en nette croissance, par les temps qui courent.

En effet, bien qu'on a remarqué son existence un peu plus au cours des dernières années – en particulier depuis le triomphe du néolibéralisme –, une couche de la société gagne du terrain en Occident. Aux Stazunis, on a baptisé ce groupe working poors, c'est-à-dire des «travailleurs pauvres». Il s'agit de cette frange croissante de la population occupant des emplois si mal rémunérés que, même avec deux salaires au sein d'un ménage, il n'est pas possible de faire face à toutes les dépenses qu'exige un niveau de vie décent.

Nombre de commentateurs ont tenté de trouver une traduction juste de ce terme de working poors, mais n'ont pas encore élaboré d'expression qui fasse consensus. C'est un peu curieux, d'ailleurs, qu'on se donne la peine de traduire un terme alors que, en français et dans à peu près toutes les autres langues, il existe un mot parfaitement juste pour décrire cette réalité socioéconomique qui s'impose de plus en plus.

Mais il est vrai que le mot en question a peut-être une portée qui dépasse de loin l'intention de ceux qui veulent évoquer une situation, en évitant toutefois de traiter le problème à sa source. Surtout, on hésite à déborder alors sur le terrain politique en ressuscitant de vieux débats que l'on préfère encore aujourd'hui laisser sous le boisseau, au prétexte qu'ils sont morts de leur belle mort. Évidemment, nier une dynamique ne la fait pas disparaître pour autant.

Mais quel est donc ce terme qui, en français, désigne les working poors? Mais le mot «prolétaires», bien entendu. Utilisez-le, la prochaine fois que l'occasion se présentera. Vous verrez des réactions intéressantes.


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