jeudi 3 août 2017

Para bellum*



Au lendemain de la chute du socialisme en Europe de l'Est, au tournant des années 1990, la bourgeoisie yankee s'est trouvée confrontée à un problème de taille. Comme une part énorme de ses profits provenait de la vente d'armes – légères, lourdes ou autres –, il lui devenait difficile, voire impossible, de trouver une excuse afin de continuer à consacrer une fraction aussi importante du budget des Stazunis aux dépenses militaires. Sans ennemi à combattre, à quoi bon stocker des armes?

Fort heureusement, il y avait ce dénommé Saddam Hussein dans le décor. Devenu ennemi public numéro un au moment de son invasion du Koweït – invasion permise en sous-main par la diplomatie yankee –, son régime fut attaqué par une vaste coalition, son armée balayée et, quoiqu'il fut laissé en place à Bagdad, l'Irak devint de facto une sorte de protectorat soumis à l'autorité internationale; c'est-à-dire, à cette époque, à celle des Stazunis.

Mais après? Pendant les années qui suivirent, on eut beau gratter les fonds de tiroir, mais il était devenu impossible de trouver un ennemi suffisamment important pour légitimer de poursuivre la course aux armements. Effectivement, après la guerre du Koweït, les dépenses militaires piquèrent du nez dans ce pays.

La situation était inquiétante pour l'élite financière yankee quand, par bonheur pour elle, il y eut les attentats de New York, en septembre 2001. Dès lors, avec la déclaration de guerre au terrorisme, les affaires des marchands d'armes reprirent du plus belle. On peut se demander ce que des porte-avions tout neufs arrivent à faire contre trois pelés et deux tondus tripotant leur bombe artisanale dans un tourbillon de poussière quelque part dans un désert du Moyen-Orient, mais passons.

C'est l'affaire syrienne qui allait donner toute la mesure du cynisme dont peuvent faire preuve les décideurs. Comme le régime de Bachar al-Assad continuait de tenir tête à Washington dans la région, on encouragea dans le pays l'organisation d'une rébellion armée à partir de 2011. Ainsi, quantité de groupes terroristes, affiliés à l'une ou l'autre nébuleuse islamiste, mirent le régime et le pays tout entier à mal.

Aujourd'hui, on «découvre» que la CIA – qui a fini par l'admettre elle-même – a équipé ces terroristes contre lesquels elle prétendait se battre. Elle leur a fourni des quantités massives d'armes dont ils se sont servis pour attaquer le régime syrien, mais aussi pour se défendre contre les forces yankees et leurs alliés en Irak.

Bref, si vous êtes marchand d'armes et que vous voulez mousser vos affaires, le moyen le plus sûr est de fournir vos ennemis d'abord.

Les profits viendront immanquablement, ensuite.


* Prépare la guerre

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