mardi 28 novembre 2017

Apartheid de ça?



Il est toujours essentiel pour les médias de trouver sans cesse de nouvelles minorités persécutées et, le temps d’une ou de deux saisons, monter en épingle leur sort peu enviable, tout en diabolisant les responsables de leur malheur.

Au fil des ans, on n’a plus compté les récipiendaires du trophée de la persécution, utilisant parfois leur situation pour lancer des interventions militaires au bénéfice exclusif de l’empire. À peu près n’importe qui peut faire l'affaire. À preuve, on s’est fait servir les Croates, les Bosniaques, les Kosovars; on a eu droit aussi aux Géorgiens et aux Ukrainiens, particulièrement ceux de Crimée; on ne compte plus les Africains, surtout ceux qui se sont trouvés persécutés par des islamistes ou par Mouammar Khadafi. Bref, la liste est longue et – on en a un peu beaucoup l’impression – elle va continuer à s’allonger jusqu’à ce que tout le monde soit passé à la casserole.

En ce moment, les regards sont braqués sur la Birmanie – dont le vrai nom est Myanmar – où  les Rohingyas sont persécutés. Il s’agit d’une minorité musulmane – ça nous change un peu que les médias nous les présentent en victimes – à laquelle s’en prennent les bouddhistes de ce pays. Si, si, les bouddhistes; vous savez, ceux qu’on nous vante toujours comme de farouches pacifistes quand il s’agit de nous ramener la question tibétaine sous les feux de la rampe pour embêter les Chinois.

Quand je vous disais que ce genre de discours est là pour favoriser les intérêts de l’empire…

Bref, le bon pape Frenchie Un est présentement en visite au Myanmar. Il paraît qu’il y a des catholiques dans ce pays et tous les quatre étaient à l’aéroport pour accueillir le souverain pontife. Comme Frenchie n’avait pas l’impression d’être en position de force, il a consciencieusement évité de prononcer le mot de «Rohingya», lequel est en quelque sorte tabou dans le pays. Il s’est contenté de vaguement en appeler au respect des droits de l’homme. Et il l’a fait devant Aung San Suu Kyi, cette militante qui avait été réprimée par le pouvoir militaire et qui est pratiquement la chef du gouvernement actuel. En d’autres termes, c’est elle maintenant qui réprime les autres.

On ne donne pas le prix Nobel de la paix à n’importe qui, quand même!

En fin de compte, lors de la visite de Frenchie, tout le monde marche sur des œufs en tentant de ne pas se marcher sur les pieds. C’est comme ça qu’on doit louvoyer lorsqu’il s’agit de défendre des minorités opprimées, sans le faire vraiment, juste pour se donner bonne conscience.

Mais vous vous demandez sûrement pourquoi tant insister sur une seule minorité à la fois, quitte à en changer constamment. Certains pourraient croire qu’il y a là un effet de mode ou, pire, qu’on cherche à nous distraire. Un peu comme si cela servait mieux les intérêts de l’empire – ou d’un de ses alliés –  de masquer un apartheid avec un autre.




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