vendredi 25 août 2017

Amiral trop admiré

L'amiral britannique Horatio Nelson (1758-1805) fait l'objet d'un vif débat, présentement, au Royaume-Uni. Pour être plus précis, ce sont ses statues qui animent les conversations. Dans la foulée des déboulonnages se déroulant présentement aux Stazunis, il est maintenant question, de l'autre côté de l'Atlantique, de rectifier l'histoire en retirant les monuments considérés comme offensants.

Or, ce cher bon gros vieux Horatio avait la particularité, non seulement d'être un impérialiste de premier ordre, mais également d'être un raciste, paraît-il. En effet, il semble qu'il était tout à fait en accord avec le commerce d'êtres humains et qu'il comptait de nombreux amis parmi les planteurs des Antilles, grands consommateurs de chair humaine; «consommateurs» dans le sens figuré, bien entendu.

On imagine facilement qu'il ne manque pas de nostalgiques de l'empire pour défendre bec et ongles les statues de ce cher bon gros vieux Horatio. À ce titre, toutes les excuses sont bonnes: «c'était comme ça dans ce temps-là»; «si on enlève tous ces symboles, nous allons perdre notre histoire»; «on ne peut appliquer les mêmes valeurs à toutes les époques», etc.

Eh bien, ce n'était pas comme ça, dans ce temps-là. Il ne manquait pas de gens pour dénoncer l'esclavagisme. Peut-être pas une majorité, mais il s'agissait d'un courant entêté. Par ailleurs, les empires se moquent bien de ce que la majorité pense, surtout quand les conditions de vie de leur prolétariat ne sont guère plus brillantes que celles de leurs esclaves. En d'autres termes, les valeurs profondes demeurent les mêmes à toutes les époques, nonobstant ce qu'en pensent les nostalgiques des empires et des abus provoqués par ces derniers. Nostalgiques probablement dans l'attente du retour du «bon vieux temps».

Et quant à perdre notre histoire, mentionnons simplement que la statue d'Horatio Nelson sise dans le Vieux-Montréal fut la première à être érigée dans tout l'empire britannique. L'idée était la même que celle qui avait amené cette floraison de statues érigées en l'honneur des héros de la Confédération, dans le sud des Stazunis: contribuer à garder le citoyen de seconde zone à sa place.

C'est une partie de l'histoire à laquelle le Québec renoncerait avec joie.

jeudi 24 août 2017

Le respect de tous les autres

Des gens ont sûrement mal réagi, à la suite d'une précédente chronique, dans laquelle j'ai évoqué le fameux «trou à rats», lors des manifestations qui ont eu lieu à Québec, la fin de semaine dernière.

Il est bien entendu que l'expression désignait le lieu où les troupes de La Meute avaient bravement trouvé refuge en attendant de pouvoir défiler sous la protection empressée de la police. Ladite expression ne désignait nullement les gens qui s'y trouvaient, mais seulement l'endroit – un stationnement couvert – qui ne présentait pas toute la salubrité voulue pour héberger des êtres humains. On conviendra que ce type d'endroit peut facilement être considéré comme un trou à rats. Si des gens qui ne sont ni des fascistes, ni des nazis, ni de l'extrême droite, ni anti-immigrants, à les en croire, s'y trouvaient, on ne peut certes les accuser de «ratisme»...

Hélas, dans cette espèce de mélangeur politique qu'est devenu le Québec, on trouve toujours le moyen de tout confondre à force de trop classer. C'est certes paradoxal, mais néanmoins vrai. Ainsi, il est impossible, de nos jours, d'avoir une position nuancée sur la question de l'immigration sans passer obligatoirement pour un raciste et un fasciste. Il est vrai que bien des intolérants trouvent commode de brandir cette question afin de se faire un capital politique aussi facile que superficiel.

Peut-on être néanmoins sincèrement de gauche et rester pondéré sur la question de l'immigration? Certainement!

On sait que la situation démographique du Québec est extrêmement fragile, petite communauté francophone noyée dans un océan à 90 % anglophone. Il est bien évident que, dans de telles conditions, il faut accueillir les nouveaux arrivants dans la mesure de nos moyens qui sont certes limités.

Or, les collaborateurs, auxquels on s'entête à donner le pouvoir au Québec, demeurent à la solde du CAnada. Ce dernier, depuis 165 ans – c'est-à-dire la promulgation de l'acte d'Union –, a poursuivi la politique mise de l'avant par le rapport Durham (1839), c'est-à-dire de se servir de l'immigration comme moyen d'assimiler les Canadiens – c'est ainsi que l'on nommait les francophones à l'époque – et de leur faire soi-disant profiter des bienfaits de la «civilisation» britannique.

Pour autant, sommes-nous capables de concilier la pensée de gauche, consistant en une ouverture à l'autre, et la tolérance face aux immigrants? C'est bien sûr. Mais il importe d'abord de faire en sorte que l'accueil des nouveaux venus se fasse dans l'harmonie et dans le respect de tous.

Car si l'on s'ouvre à l'autre, il ne faut pas oublier que nous sommes, nous aussi, l'autre de quelqu'un.

mercredi 23 août 2017

mardi 22 août 2017

La théorie du chaos

Un intéressant article de Thierry Meyssan concernant la pensée stratégique yankee actuelle. Bien entendu, comme il s'agit de Meyssan, tout ceci n'est qu'une vaste élucubration, mais elle présente tout de même une approche intéressante – et convaincante – de la réalité actuelle. Disons que c'est une hypothèse valable, à défaut d'être une véritable théorie, comme celles de la gravité, de l'évolution ou de la relativité.

La publication dudit article est d'autant plus de mise qu'elle coïncide avec la décision du président Donald Trompe d'accroître la présence yankee en Afghanistan. En effet, il compte envoyer là-bas 3900 soldats supplémentaires, lesquels s'ajouteront aux 8400 qui s'y trouvent déjà. On peut se demander ce que ces maigres effectifs vont permettre d'accomplir, quand on songe que les 100 000 soldats US qui s'y trouvaient à une autre époque n'ont pas pu imposer un authentique changement de régime.

Or, c'est justement là l'argument de Meyssan. Les Stazunis ne cherchent pas à changer les régimes. Il leur suffit d'instaurer le chaos au sein des pays qui leur sont hostiles. Ceux qui possèdent des ressources intéressantes – comme le pétrole, par exemple – devront être contrôlés en partie afin de pouvoir les exploiter efficacement, tandis que les nations «clientes» devront quémander la protection US pour obtenir leur part.

Quant aux autres, ils serviront d'exemple, je suppose.

lundi 21 août 2017

Zig Jaggi



Le week-end dernier, la ville de Québec a connu des manifestations. Comme le temps est à la droite, et à ses extrêmes, l'une de celles-ci regroupait une bande de courageux fascistes dits de l'organisation «La Meute». Je dis «courageux», car, pendant des heures, ils se sont bravement terrés dans un stationnement couvert, tandis que de méchants contre-manifestants – de gauche, ceux-là – exprimaient bruyamment leur désapprobation.

Cela n'a pas pris goût de tinette avant que les flics surgissent afin de défendre les fascistes et de disperser les gauchistes. Comme vous voyez, certaines choses ne changent guère. Premier mouvement, arrêter l'altermondialiste Jaggi Singh. C'est un préalable à toute répression, surtout si on veut provoquer des débordements. Pourquoi l'arrêter avant toute chose? La réponse de la police serait probablement: «Si on ne sait pas pourquoi on l'arrête, lui le sait!» Puisque ça vient de la police, ce n'est pas nécessairement vrai...

Bref, il y eut quelques échauffourées et même du «vandalisme», mot terrible et redoutable. C'est-à-dire que, selon les médias, des contre-manifestants se sont «attaqués à des commerces» – de quelle manière, on ne sait pas –, qu'ils ont lancé des chaises et placé des bombes fumigènes dans des poubelles – c'était gentil, pourtant: pas besoin de les ramasser. D'ici à ce que les médias nous annoncent que tout cela a causé pour des millions et des millions de dollars de dommages, il n'y a qu'un pas.

Une fois que les flics eurent bien nettoyé la place, les intrépides militants de l'extrême droite sont enfin sortis de leur trou à rats pour défiler, torse bombé et regards craintifs, dans les rues de la Capitale Nationale.

Depuis, les autorités ont été promptes à condamner vertement la violence et l'intimidation. Que je sache, personne n'a reproché quoi que ce soit à La Meute.

Apparemment, les loups ne se mangent pas entre eux.

dimanche 20 août 2017